Avec une participation historique de plus de 17’000 personnes (20% d’augmentation), cette 15^ème édition du festival Les Créatives, placée sous le signe du collectif, de la colère et du rire, a constitué un moment rare de mobilisation féministe autour d’une programmation exceptionnelle d’artistes et de personnalités engagées pour faire entendre la parole des femmes.

« Jamais le festival n’était parvenu à rassembler autant de mixité et de diversité : sur les scènes, dans les salles, comme parmi l’équipe et les bénévoles. Les arts et les féminismes touchent largement. Ils sont nécessaires pour porter des changements de société profonds. » affirment les deux co-directrices Anne-Claire Adet et Dominique Rovini.

UNE OUVERTURE EXPLOSIVE CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

Lancée le 12 novembre à 12h12, la 15^ème édition du festival s’est ouverte par une performance collective, réunissant près d’un millier de personnes dans le hall d’Uni-Mail, pour un Cri d’une minute mené par les metteuses en scène et comédiennes Marielle Pinsard et Noémie Griess. Un Cri qui a envahi les réseaux sociaux et résonné jusqu’aux lignes du New York Times.

Cette journée exceptionnelle s’est conclue par le spectacle VIRIL, avec les revendications puissantes de textes féministes déclamés magistralement par Virginie Despentes, Béatrice Dalle et Casey, accompagnées par le groupe Zëro devant une salle de l’Alhambra comble et conquise.

 ENVAHISSEMENT DES ESPACES

Le festival a accueilli pour la première fois en Suisse, les Guerrilla Girls, artivistes historiques de la lutte contre le sexisme et le racisme dans les milieux artistiques. En exposant leurs affiches en très grands formats sur les murs des nombreux lieux partenaires, le festival a imposé visuellement la nécessité de visibilisation des personnes discriminées, dans les milieux culturels comme dans les espaces publics.

Le public de Genève, mais aussi Nyon, Lausanne ou Bâle s’est massivement mobilisé. Qu’il s’agisse de spectacles ou de tables rondes, le pari de l’ouverture a été relevée, avec des salles souvent combles. L’un des exemples les plus marquant reste la conversation entre Virginie Despentes et Paul B. Preciado, animée par Victoire Tuaillon à l’Université de Genève qui aura rassemblé plus de 1’000 personnes dans une salle de 500 places grâce à la rotation des publics proposée par les intervenant.e.s.

Le projet Créatives BPM (beats, paroles, mouvements) a pris de l’ampleur pour sa deuxième année, avec six ateliers tout au long de l’année et un battle de hip hop à l’Undertown de Meyrin, incitant les jeunes femmes à occuper par le rap et la danse des espaces dont elles sont souvent exclues.

UNE EDITION ENGAGEE POUR FAIRE ENTENDRE LA PAROLE DES FEMMES

En se plaçant sous le signe du collectif, l’édition 2019 du festival Les Créatives aura été notamment l’occasion d’explorer la mobilisation féministe historique du 14 juin en Suisse, sous un angle artistique à travers des expositions organisées par des membres de collectifs de la grève féministe de Genève et de Nyon, et une soirée de témoignages sous le titre du « Jour où j’ai fait grève » au Théâtre Saint-Gervais.

Toujours menées par une forte volonté de faire bouger les lignes sur les enjeux féministes, le festival a cette année encore servi de porte-voix à une grande diversité de personnalités engagées, conviées pour parler de conciliation des vies, des luttes et des droits des lesbiennes, des violences faites aux femmes, d’identités de genres… Le festival Les Créatives est désormais un espace d’échanges et de discussions incontournable pour les féministes européennes, laissant espérer que le système patriarcal appartiendra bientôt au Vieux Monde.

La parole des femmes victimes de violence a également résonné dans les caves de la MIA avec la pièce de théâtre Le Prénom a été modifié, grâce au texte de Perrine Lequerrec mis en scène par Antea Tomicic, et un spoken-word percutant de l’icône no wave américaine Lydia Lunch.

UNE PLATEFORME POUR LES FEMMES ARTISTES

Le festival Les Créatives a été applaudi pour la qualité et la diversité de sa programmation, rassemblant à la fois des artistes à la carrière internationale et des artistes émergentes, jamais réunies sous une même affiche.

Kate Tempest a offert sa poésie urbaine, aussi sensible qu’engagée, lors d’un concert de clôture électrisant. Sudan Archives, violoniste autodidacte qui mélangeant beats hip hop et musique soudanaise, a fait vibrer le public onésien, tout comme Aldous Harding avec son impertinence et sa créativité débordantes. Notons également le magnifique concert d’Alice Phoebe Lou à Bernex, instant suspendu d’une présence lumineuse, mélange subtil de douceur et de force.

Les nuits genevoises ont été rythmées par les femmes artistes, lors notamment d’une soirée mémorable à l’Usine avec Pongo, Dope Saint Jude et la DJ Paula Temple en tête d’affiche.

La question de la place des femmes dans les milieux culturels aura été abordée de manière frontale lors de l’événement « Où sont les femmes ? ». La deuxième édition de cet Observatoire de la place des femmes dans les milieux culturels en Suisse était orientée vers l’action avec des workshops à destination des professionnel.le.s de la culture qui débouchera prochainement sur la publication d’un manuel de bonnes pratiques dans les milieux culturels.

Communiqué de presse de clôture au format pdf

* par « femmes », nous entendons toute personne se définissant comme femme, cisgenre ou trans.